Lanester, berceau de galettes à découvrir
À quelques encablures de Lorient, de l’autre côté du Scorff, Lanester cultive son propre goût de la tradition bretonne. Moins connue que sa voisine, elle n’en est pas moins gourmande. Dans ses rues tranquilles et vivantes, on entend crépiter les billig depuis longtemps. Car ici, la galette n’est pas une simple spécialité : c’est une petite cérémonie du quotidien. Et si vous cherchez où croquer dans une vraie galette de blé noir comme on les aime en Bretagne, suivez le guide. J’ai sillonné Lanester de la rue Jean Jaurès aux bords du Blavet, pour vous dégoter les meilleures crêperies, testées et vivement approuvées.
Crêperie Ar Vag : comme un air d’escale iodée
Nichée non loin du port à Lanester, la crêperie Ar Vag (« le bateau », en breton) impressionne par sa simplicité élégante et son ambiance chaleureuse. On s’y sent bien dès l’entrée : poutres apparentes, murs blancs, quelques maquettes de voiliers, et surtout, un accueil qui fleure bon la Bretagne généreuse.
La star ici, c’est la galette au confit d’oignons, andouille de Guémené et pommes caramélisées. Un classique revisité avec ce petit plus qui fait toute la différence. La pâte, fine et croustillante aux bords dorés, est un hymne au sarrasin bien fermenté. Les produits sont soigneusement sélectionnés, issus pour la plupart de producteurs locaux. Mention spéciale pour le beurre demi-sel, servi avec le sourire.
Et si votre cœur balance entre sucrée et salée, osez la complète revisitée : œuf mollet, jambon fumé, emmental fondu, le tout posé sur une galette légèrement croustillante. Accompagnée d’un bol de cidre fermier, c’est un vrai moment de bonheur culinaire entre terre et mer.
La Crêperie du Pont : l’authenticité sur la rive
Face au pont qui relie Lanester à Lorient, cette crêperie au nom évocateur défend haut les couleurs de la tradition. Chez Marie-Claire et Yann, la galette se prépare dans une ambiance familiale, presque comme à la maison. Il n’est pas rare d’entendre les éclats de rire en cuisine, preuve que ça mijote aussi côté cœur.
On vient ici pour la convivialité, et pour les galettes à l’ancienne. Leur « Goat Breizh » mérite à elle seule le détour : chèvre frais, miel produit dans les ruches du coin, et noix croquantes. Un équilibre parfait entre douceur et caractère. Et le must ? La pâte 100% blé noir bio, sans gluten et riche en goût. Une vraie révélation.
Laissez-vous tenter aussi par la bolée de cidre pétillant maison — une recette secrète transmise de génération en génération (même si personne n’a jamais réussi à la percer…).
La P’tite Krampouz : quand le moderne rencontre la tradition
Derrière ce nom plein de malice se cache une adresse très prisée des jeunes familles et des gourmands pressés. La décoration minimaliste et épurée contraste agréablement avec les saveurs riches et authentiques proposées dans l’assiette.
La P’tite Krampouz mise sur la qualité et la rapidité. Ici, pas de chichis, mais des produits ultra-frais et des combinaisons originales qui font swinguer la galette. Coup de cœur pour la galette « Ty Breizh » — épinards frais, œuf coulant, crème au gorgonzola et éclats de noisettes. Un mariage inattendu mais parfaitement dosé.
Et pour les becs sucrés, leur crêpe caramel beurre salé-maison, généreusement nappée et saupoudrée d’éclats de crêpes dentelles, est tout simplement irrésistible. Vous viendrez pour une galette rapide… puis finalement, vous resterez pour le dessert.
Crêperie Beg ar C’hoat : un festin à l’orée des bois
Un peu en retrait du centre-ville, cette crêperie rustique au nom poétique (« le bout du bois » en breton) se mérite. Mais quel plaisir une fois arrivé ! Avec sa terrasse ombragée et son intérieur boisé, elle offre une parenthèse hors du temps. Ici, tout est fait maison, dans le respect des traditions bigoudènes.
Le chef, Ronan, travaille exclusivement avec des farines locales et bio. Pour les puristes, la galette saucisse revisitée ici avec des herbes fraîches et des oignons fondus est un incontournable. Le genre de plat qui vous renvoie en enfance, sur un marché breton, une bolée de cidre à la main.
Les desserts ne sont pas en reste : crêpe beurre-sucre parfaitement caramélisée, crêpe flambée au lambig (eau-de-vie de cidre), ou encore la fameuse crêpe à la crème de pruneaux maison. Vous l’aurez compris, la gourmandise y est une valeur sûre.
Chez Glazik : une institution pour les puristes
Pas besoin d’un GPS pour trouver Chez Glazik : les locaux connaissent cette maison comme leur poche. Ici, on ne réinvente pas la galette… on la sublime. Les murs parlent une langue ancienne, riche de souvenirs. Photos en noir et blanc, nappes à carreaux rouges, et cette odeur de beurre qui saisit dès l’entrée.
Le chef, Loïc, est un disciple du savoir-faire traditionnel transmis par sa grand-mère. Sa galette Kraz, fine, croustillante et légèrement beurrée sur les bords, est une œuvre d’art. Garnie du lard fumé de Pont-Scorff et de pommes rissolées, elle provoque un effet immédiat : le silence autour de la table, puis des « mmmh » approbateurs à peine murmurés.
Ne partez pas sans goûter leur cidre brut fermier, issu d’un verger situé à moins de 5 km. Une belle occasion de trinquer à l’authenticité bretonne.
Où prendre sa galette à emporter ? Les bons plans de Malo
Pas toujours le temps de s’attabler, surtout après une rando au bord du Scorff ou un après-midi au parc du Plessis. Voici mes deux valeurs sûres en formule « à emporter » :
- Ty Krampouz Express : petite échoppe discrète mais fameuse, près de la médiathèque. Leur galette végétarienne (champignons poêlés, poireaux fondants, fromage râpé) se transporte sans mal et reste savoureuse même tiède. Galette roulée à la main et servie avec un clin d’œil.
- Cidre & Sarrasin : un food-truck mobile installé souvent le mercredi et le samedi matin au marché. Leur spécialité ? Les crêpes au caramel beurre salé et éclats de noisettes. Et oui, elles voyagent très bien… jusqu’au banc le plus proche ou directement dans votre salon !
Un petit mot en passant…
Entre la chaleur des billigs et celle des sourires, Lanester offre une expérience culinaire où galette rime avec geste, partage et terroir. Ce qui frappe, c’est la passion de celles et ceux qui les fabriquent : des hommes et des femmes qui connaissent la valeur du sarrasin, du temps de repos des pâtes, du juste pli d’une galette bien garnie.
Alors, la prochaine fois que vous traverserez le pont pour quitter Lorient, faites un crochet par Lanester. Pas besoin de grand apparat pour déguster une vraie galette bretonne : juste une bonne adresse… et l’envie de se régaler.
À vos fourchettes, cher.e.s voyageurs de Bretagne. Et si ce n’est pas le moment de manger, alors c’est le moment d’y penser. Car une bonne galette, ça se rêve aussi.