Le GR34 dans le Finistère : un chemin entre mer et mémoire
Il serpente entre les falaises, flirte avec les embruns, et susurre à l’oreille de ceux qui ont pris le temps de l’écouter. Le GR34, aussi connu sous le nom de « sentier des douaniers », ne se raconte pas — il se vit. Et s’il fallait n’en explorer qu’un tronçon, ce serait dans le Finistère, ce bout du monde où la terre semble vouloir dialoguer avec l’océan. Ici, les paysages sont bruts, changeants, profondément vivants.
Des falaises du Cap Sizun aux criques sauvages de la presqu’île de Crozon, en passant par la beauté lunaire de la Pointe de la Torche ou le charme paisible des abers, chaque pas sur le GR34 Finistère est un hommage à la nature et à l’histoire bretonne. Alors, enfilez vos chaussures de rando, glissez un kouign dans le sac (car la beauté donne faim), et suivez-moi le long des plus beaux tronçons du sentier.
Le Cap Sizun et la Pointe du Raz : marcher sur les cils de la terre
Le Finistère commence en majesté. À la Pointe du Raz, l’une des extrémités les plus emblématiques de la Bretagne, le vent souffle avec l’assurance de ceux qui ont toujours été là. Ici, le GR34 sillonne entre lande rase et falaise granitique, offrant des panoramas à couper le souffle sur l’île de Sein et l’océan tout en furie.
Le tronçon entre la Baie des Trépassés et la Pointe du Van est un incontournable. On y croise des ajoncs en fleurs, quelques moutons impassibles, et parfois le cri moqueur des goélands planant au-dessus des vagues. On ressent presque la présence fantomatique des douaniers du XIXe siècle, veillant sur une côte où les naufrages étaient monnaie courante.
À ne pas manquer :
- La beauté brute de la Pointe du Raz au lever du soleil — un moment presque mystique.
- La halte à la chapelle Saint-They, accrochée à la falaise comme un dernier refuge face à l’infini.
La presqu’île de Crozon : là où la mer sculpte la terre
Si le Finistère était une fresque, la presqu’île de Crozon en serait sans doute la touche impressionniste. Elle regorge de ces paysages qui semblent peints à grands coups de vent et de sel. Le GR34 y fait des détours volontaires, comme s’il hésitait à déranger tant de beauté.
Parmi les plus beaux tronçons, la balade entre le Cap de la Chèvre et la plage de l’île Vierge est une ode aux contrastes : la roche acérée flirte avec l’eau turquoise, la lande odorante fait la cour aux pinèdes. Une randonnée où l’on oublie le temps, et même les kilomètres.
Petit conseil de Malo : En été, partez tôt : ces plages au charme caribéen attirent le monde. En mai ou en septembre, le sentier se fait plus intime et tout aussi splendide.
À voir absolument :
- Le panorama circulaire depuis le sommet du Cap de la Chèvre : un tour d’horizon sur la mer d’Iroise.
- Les falaises de Pen-Hir et ses fameux « Tas de Pois », spectaculaires formations rocheuses défiant l’Atlantique.
De Douarnenez à la Pointe de Pen-Hir : entre histoire et splendeurs naturelles
Ce tronçon du GR34 est un chemin tissé de récits. On part de Douarnenez, ville de caractère dont les ruelles sentent encore les époques sardinières, pour longer la côte jusqu’à Crozon. Entre criques secrètes et falaises découpées, le sentier traverse plages oubliées et promontoires joyeusement battus par les vents.
Ici, l’histoire se mêle à la géographie. Le sentier vous emmène notamment jusqu’au Menez-Hom, sommet emblématique offrant un point de vue sur le parc marin d’Iroise et parfois, avec un peu de chance, sur les Monts d’Arrée au loin.
À glaner en route :
- Une pause galette et cidre à Morgat, dans une petite crêperie face au port — rien de plus revigorant après 15 km de marche.
- Un détour vers les grottes marines de l’anse de Dinan, que l’on peut explorer en kayak ou à pied à marée basse.
Le Pays des Abers : là où l’eau hésite entre mer et rivière
Au nord du Finistère, le Pays des Abers déroule une Bretagne plus contemplative, où le paysage semble murmurer plutôt que rugir. L’aber est une curiosité géologique bretonne : une ria, sorte d’estuaire enchevêtré où la mer vient embrasser la terre en douceur.
Le chemin de randonnée entre l’Aber Wrac’h et l’Aber Benoît est une parenthèse enchantée. Moins spectaculaire que Crozon ou la Pointe du Raz, peut-être, mais d’une sérénité absolue. Ici, les herbes folles caressent les mollets, les oiseaux marins rythment le silence de leurs cris, et les chapelles s’invitent dans le paysage comme des veilleuses d’âme.
Suggestions contemplatives :
- Flâner sur les sentiers au coucher du soleil — le ciel s’y embrase d’orangé et de rose, reflet dans les méandres de l’aber.
- Observer la vie maritime au port de l’Aber Wrac’h, entre barques de pêche et voiliers en escale bretonne.
La Pointe de la Torche : marche sur le fil du vent
Plutôt connue des surfeurs pour ses vagues défiant la gravité, la Pointe de la Torche est aussi un superbe théâtre de randonnée. Marchez sur le GR34 depuis Saint-Guénolé jusqu’à la plage de Tronoën, et vous comprendrez pourquoi ce bout de terre attire autant les amoureux des éléments déchaînés.
Fouetté par les vents, balayé par le ressac, ce tronçon est l’un des plus vivifiants du Finistère. Il traverse les champs de tulipes (oui, les Pays-Bas ne sont pas les seuls à les cultiver !) et longe des plages infinies où le sable blanc rivalise avec celui des tropiques.
À noter : En hiver, le sable est souvent parsemé de goémon et l’atmosphère vibre d’une force sauvage presque romantique. Une Bretagne dans sa robe la plus indomptable.
Le GR34, un chemin de traverse où l’âme se repose
Ce qui rend le GR34 unique, ce n’est pas seulement la diversité de ses paysages, c’est aussi cette sensation d’évasion totale, immédiate. À chaque détour, le sentier vous rappelle que la Bretagne est une terre à la fois rude et généreuse, où l’on marche autant pour le décor que pour l’intérieur de soi.
Préparez votre itinéraire, vos haltes, vos chaussettes épaisses. Mais laissez aussi de la place à la spontanéité. Peut-être qu’un dolmen attirera votre curiosité. Ou qu’une mouette curieuse décidera de vous accompagner un bout de chemin. C’est cela, marcher en Finistère : une aventure à hauteur d’homme, mais aussi à hauteur de rêve.
Et vous, quel tronçon du GR34 vous appelle aujourd’hui ?